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Quelques pensées à propos de la pandémie

Au moment où j’écris ces mots, ma grand-mère est à l’article de la mort, coincée dans un CHSLD complètement débordé, privée de la présence réconfortante de sa famille et, souffrante d’un stade avancé d’Alzheimer, incapable de comprendre ce qui se passe. Ce n’est qu’une question d’heures avant que la COVID-19 ne clame une nouvelle victime.

Nous vivons présentement dans une époque tout à fait sans précédent. Bien que nous sachions tous que cette pandémie ne peut menacer l’existence humaine, elle pourrait tout de même irrévocablement changer notre train de vie. Nul ne peut mesurer l’impact que cette crise aura sur l’économie et la mondialisation. Étant père de deux jeunes enfants, cette incertitude est difficile à vivre.

Nous sommes tout de même chanceux d’habiter au Québec en ce moment. En regardant ce qui se passe ailleurs dans le monde, même juste un peu au sud de nous dans l’état de New York, on ne peut que soupirer de soulagement. La différence est frappante. Je n’avais pas voté pour la Coalition Avenir Québec aux dernières élections, mais force est d’admettre que nous avons été très chanceux d’avoir François Legault comme premier ministre pour aider les Québécois à naviguer à travers cette crise. Même si je ne suis pas entièrement d’accord avec toutes les actions de son gouvernement, une telle performance mérite d’être reconduit au pouvoir en… qui sait vraiment quand les prochaines élections auront lieu?

L’histoire se rappellera des faits et des chiffres, mais parfois ce sont les anecdotes de tous les jours qui dépeignent le mieux l’atmosphère surréaliste qui règne en ce moment. Les centre-villes et les ponts complètement déserts en pleine heure de pointe. Les gens qui s’évitent dans la rue. Les énormes files d’attentes aux portes de toutes les épiceries. Les longs détours pour éviter les trottoirs jugés trop achalandés. Les nombreuses voitures de police, faisant jouer « Ça fait rire les oiseaux » à tue-tête, qui patrouillent sans arrêt le parc Jarry pour démanteler les rassemblements serrés ou trop nombreux. Le rendez-vous quotidien télévisuel qui nous annonce combien de gens sont morts dans les dernières 24 heures pendant que ma fille joue à Super Mario 3D World à mes côtés.

Le plus fascinant pour moi a été de voir à quel point la société a migré rapidement vers une dynamique beaucoup plus communiste. On ranime même la discussion sur la rémunération universelle de base. Il est évident que les gens ont hâte de revenir à un système plus capitaliste, mais force est d’admettre qu’en cas de crise, le communisme a certainement des avantages. Même lorsque la crise sera terminée et que les activités pourront reprendre, je ne crois pas que PIB sera réparti de la même façon. On voit déjà plusieurs entreprises qui se réinventent en service essentiel pour continuer les opérations, comme les bars qui se convertissent en restaurant, ou Apple qui produit des masques de protection. Certaines de ces entreprises ne reviendront pas en arrière. Je crois qu’on assiste à un ré-équilibrage de l’argent. Moins de luxe, moins de divertissement, plus de services essentiels. Étant travailleur dans l’industrie du jeu vidéo, c’est un peu inquiétant, mais je ne doute pas que je serai capable de me trouver un emploi différent si besoin est.

Nous allons passer au travers. Mais il est difficile de prévoir à quoi notre société va ressembler une fois cette pandémie derrière nous.